Ce type de manager épuise ses équipes sans même s’en rendre compte

Il incarne la rigueur et la constance. Mais sous son apparente sérénité, ce manager "classique" fatigue ses équipes, souvent sans en avoir conscience. Sans violence, il installe un climat où penser et innover deviennent secondaires. On l'appelle le "manager pistache", à l'image de l'arbre robuste mais stérile sans renouvellement. Ce style managérial, rigide sous couvert de résilience, bride les énergies. Il valorise l'exécution au détriment de la réflexion. Et l'on comprend trop tard qu’il a, sans bruit, anéanti l’élan collectif. Comment le reconnaître ? Quelles solutions pour sortir de ce qui semble être une impasse ? On fait le point.
Une métaphore agricole qui en dit long
Le pistachier est un arbre admirable. Il pousse en conditions arides, exige peu, semble increvable. Mais sans taille régulière ni rotation des cultures, il ne donne plus de fruits. Il tient debout, certes, mais ne sert plus à rien. De la même façon, certains managers résistent à tout : crises, changements, tensions... Ils gardent le cap, refusent de changer leurs méthodes et s’accrochent à leur plan initial. Si cette constance peut impressionner, elle devient rapidement un mur contre lequel viennent se heurter les besoins d’adaptation, d’écoute, de créativité. À force de fonctionner en vase clos, ces managers sèchent la terre de leurs équipes.
Les symptômes d’un manager pistache
Ce type de leader ne se reconnaît pas toujours comme tel car il ne pense pas mal faire. Au contraire, il croit faire preuve de rigueur, de résistance, de bon sens. Pourtant, certains comportements récurrents doivent alerter. Par exemple, le manager pistache est obsédé par l'urgence : chaque demande est prioritaire et chaque réunion un sprint. Il impose un rythme frénétique, au détriment du recul et de la qualité. Par ailleurs, ce type de manager rejette instinctivement les idées nouvelles, surtout si elles remettent en cause sa manière de faire. La nouveauté lui fait peur, car elle l'oblige à se remettre en question.
Votre manager lance des brainstormings sans suite, est adepte des questions rhétoriques et valorise toujours les résultats à court terme ? Dans le mille ! Ces choix peuvent sembler anodins. Cumulés, ils créent une ambiance anxiogène où l’on exécute sans comprendre, où l’on travaille sans se sentir écouté ni reconnu.
Les conséquences pour les équipes
Ce mode de management en apparence stable et rigoureux finit par éroder la motivation des salariés. Ceux qui s’engagent le plus, parce qu’ils veulent bien faire, finissent par tomber dans l’épuisement ou le burn out. D’autres, moins impliqués, glissent doucement vers le décrochage. Le désengagement s’installe silencieusement : les talents quittent l’entreprise, faute d’avoir été stimulés ou écoutés. Plus pernicieux encore : cette ambiance devient la norme. On finit par croire qu’il est normal de ne pas donner son avis, de ne pas chercher à innover, de ne pas remettre en question ce qui ne fonctionne plus. Le manager pistache, sans être tyrannique, installe un climat de soumission tranquille.
Comment changer de cap ?
Bonne nouvelle : un manager pistache peut évoluer, bien que cela suppose une véritable remise en question. La première étape consiste à accepter que la résilience n’est pas l’unique qualité d’un leader. Il faut apprendre à faire confiance, à ouvrir le dialogue, à favoriser les initiatives venues du terrain. Ensuite, il est essentiel de sortir de la culture de l'urgence : tout n’est pas priorité ! Il faut savoir définir des temps de recul, de respiration collective, de créativité. Un bon manager n’est pas celui qui répond le plus vite, mais celui qui fait grandir ses équipes. Enfin, le développement d’une vision à long terme est crucial. Il ne s’agit pas seulement de produire, mais de bâtir une culture de travail où chacun trouve sa place. Cela passe par la formation, la reconnaissance et le travail d'équipe.